Ingénierie de l’environnement, géomatique, cybersécurité, architecture cloud… certains secteurs en fort développement sont très demandeurs de nouveaux profils. Tour d’horizon des opportunités.
Chaque été, quand tombe l’enquête réalisée par l’IESF (l’association des Ingénieurs et scientifiques de France), c’est la même satisfaction. Avec un taux de chômage à 4,8 %, les ingénieurs, toutes filières confondues, ne connaissent pas la crise. L’an dernier, 70.000 d’entre eux ont changé d’employeur et sur les 35.000 nouveaux diplômés, plus de 30.000 ont décroché leur premier poste, à plus de 90 % en CDI. «À l’issue de leur formation, la très grande majorité sont déjà recrutés. Huit mois après leur sortie, ils sont tous en poste», relève Gérard Duwat, président de l’Observatoire des ingénieurs de l’IESF. Un excellent résultat qui démontre que «l’ingénieur est une valeur sûre pour les recruteurs, il est le moteur des grandes mutations de la société, de la révolution numérique à la transformation énergétique». Si leur insertion n’est pas un problème, leur diplôme est aussi le seul à leur ouvrir la porte à une très grande variété de responsabilités. «Entre la recherche fondamentale et la direction générale des entreprises, ils ont accès à toute la palette des métiers et des fonctions», observe Gérard Duwat. Cerise sur le gâteau, ils sont aussi très prisés à l’international: 16 % des ingénieurs (soit environ 120.000) poursuivent aujourd’hui leur carrière hors de France. Une tendance en hausse - ils n’étaient que 13 % à être dans ce cas en 2010 -, qui leur offre de multiples opportunités.
Profils pluridisciplinaires plébiscités
Dans l’ingénierie, secteur poids lourd qui, avec ses 350.000 emplois, pèse 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et où près de 50 % de l’activité se fait hors de France, les interventions se mobilisent autour des études, de la conception, du suivi et du contrôle de la réalisation, pour deux grandes filières: la construction et l’industrie. «Ces secteurs, où la R&D et l’innovation sont très gourmandes en ingénieurs, sont appelés à poursuivre leurs recrutements», précise Karine Leverger, déléguée générale de SYNTEC Ingénierie, l’organisation professionnelle qui représente près de 50 % du secteur. Selon une étude de l’APEC, les prévisions de recrutement dans les sociétés d’ingénierie et en R&D pourraient être en 2015 de l’ordre de 18.000 diplômés bac+5, ingénieurs et universitaires confondus.
Si le secteur de la construction n’est pas en ce moment en pleine forme, les besoins restent importants sur une grande palette de spécialités liées entre autre à l’environnement - du traitement des eaux à celui des déchets et des sols. «Outre les diplômés des grandes écoles spécialisées, pointe Élodie Mermillon, déléguée à la taxe d’apprentissage et aux relations écoles de SYNTEC Ingénierie, les universitaires titulaires d’un mastère 2 en génie civil sont aussi particulièrement prisés.» En ce qui concerne l’industrie et le conseil en technologies, où opèrent de grands groupes comme Alten, Altran ou encore Assystem, de nombreux ingénieurs trouvent sans mal à s’insérer. «Les diplômés issus des formations spécialisées en génie mécanique, en génie des procédés ou des systèmes, mais aussi en génie industriel complété par une spécialité sectorielle (agro, chimie, électronique, robotique…) ont notamment les faveurs des recruteurs», poursuit Élodie Mermillon. Les profils d’ingénieurs spécialisés en systèmes embarqués, en hydraulique ou en efficacité énergétique sont également l’objet de toutes les sollicitations.
L’émergence de nouveaux métiers
La montée en puissance des nouvelles technologies fait aussi émerger de nouveaux métiers comme les géomaticiens et les BIM managers. À la croisée de l’informatique et de la géographie, les géomaticiens sont des recrues précieuses pour les secteurs où l’exploitation des données spatiales est cruciale, comme par exemple l’agriculture, où cette expertise permet l’optimisation de l’apport en intrants, ou encore l’urbanisme. Quant aux BIM managers, en combinant compétences en génie civil, en 3D et en management, ils sont appelés à coordonner tous les corps d’État autour de la modélisation des informations du bâtiment. Un métier ultra-pointu, accessible aux bac+5 ayant quelques années d’expérience.
Important recruteur d’ingénieurs - un groupe comme Airbus a recruté 18 000 ingénieurs et techniciens ces six dernières années -, l’aéronautique a réduit en 2015 la voilure de sa chasse aux talents pour se consacrer à la mise en production. Cette pause momentanée optimise les chances des futurs diplômés lorsque de nouveaux programmes d’envergure seront remis en chantier dans les bureaux d’études. La reprise qui semble pointer depuis plusieurs mois dans l’automobile devrait continuer de dynamiser, pour peu qu’elle se confirme, l’innovation technologique pour répondre aux impératifs de la politique environnementale. Les donneurs d’ordre ont en effet toutes les chances d’avoir un besoin accru en spécialistes matériaux et motorisation notamment, puisque la commercialisation de véhicules ne consommant pas plus de deux litres aux cent kilomètres est attendue des constructeurs pour 2020.
Afin d’accompagner la révolution technologique en marche, les ingénieurs télécoms, informatique et électronique ont plus que jamais des opportunités d’embauche. La montée en charge d’un nouveau front dans la cybersécurité commence déjà à créer un appel d’air, à la fois pour les ingénieurs IT ayant acquis une spécialisation en systèmes, réseaux et sécurité (SRS) et pour ceux qui maîtrisent les systèmes embarqués pour accompagner le déploiement de drones dédiés à la surveillance. Les entreprises de services du numérique (ESN) - anciennement SSII -, les éditeurs de logiciels et les sociétés de conseils en technologie, qui ont créé 5 000 postes l’an dernier, poursuivent également leur croissance. «Au niveau ingénieur, les politiques de recrutement du secteur ciblent notamment les besoins concernant le développement des applications mobiles, logiciels et web ainsi que l’architecture cloud», relève Olivier Coone, délégué à la formation de SYNTEC Numérique.
Le numérique à haute valeur ajoutée
Parmi les métiers en tension, on trouve celui d’ingénieur études et développement et celui d’ingénieur informatique spécialisé. Autres profils déjà convoités, ceux de data analyst et d’architecte cloud, «des territoires en pleine structuration et hautement stratégiques que les ESN commencent à investir», précise Olivier Coone. Pour réussir son intégration dans ces métiers à haute valeur ajoutée, qui touchent, pour le premier, à l’exploitation des données en masse des objets connectés et, pour le second, à l’externalisation de leur stockage, les qualités requises sont identiques à celles attendues pour tous les ingénieurs, rappelle Gérard Duwat: «Un socle solide de connaissances académiques scientifiques, techniques et technologiques, un goût affirmé pour le travail en équipe, le sens de la relation client et… une curiosité tout terrain!»
Source: lefigaro.fr
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