Quel est le meilleur moment pour négocier son salaire lors d’un entretien ?
La question de la négociation de salaire en entretien d’embauche n’est pas toujours simple à aborder. Mais s’il y a bien un moment dans votre carrière où vous êtes en position « de force » pour négocier, c’est au moment de l’embauche. Et pour cause : l’employeur est alors « demandeur » de vos compétences.
Toutefois, il n’est pas conseillé de rentrer dans le vif du sujet dès le premier entretien avec le recruteur. Le sujet reste délicat, et cela peut être mal interprété en fonction de l’interlocuteur.
En passant par un cabinet de recrutement
Si vous passez par un cabinet de recrutement, la question sera abordée dès le premier contact avec le consultant qui vous prendra en charge, en amont des process de recrutement chez le client. Un certain nombre de sujets sont abordés, notamment vos prétentions salariales afin de valider si celles-ci sont alignées avec l’offre du client, votre potentiel futur employeur.
S’il vous laissera le dernier mot, votre consultant va vous accompagner pour vous aider à fixer la bonne fourchette salariale à aborder avec le recruteur. Dès cette étape, il pourra vous renseigner sur vos chances de réussir une possible négociation ou si l’écart est bien trop important.
Il sera également capable de vous conseiller si vous ne connaissez pas les moyennes de rémunération en fonction de votre expérience, de vos diplômes, etc. Cela vous permettra de vous positionner de manière juste, sans vous dévaloriser ou vous surévaluer.
Lors d’un entretien direct avec le recruteur
Si vous vous présentez directement dans l’entreprise, le premier entretien est en général orienté vers la présentation de l’entreprise et du poste et la validation par le recruteur que votre profil, votre parcours et vos compétences sont alignés avec ses besoins. Si votre interlocuteur ne l’évoque pas, attendez la prochaine étape.
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Ne faut-il jamais aborder le sujet du salaire lors du premier entretien ?
Négocier son salaire dès le premier entretien d’embauche reste possible. Dans le contexte de reprise économique forte, les candidats sont en position dominante sur la quasi-totalité des secteurs : comptabilité, IT, santé, ingénierie, etc. Ce n’était pas forcément le cas il y a quelques mois.
Les candidats sont activement recherchés par les recruteurs et ont souvent plusieurs offres en parallèle. Dans ce cas, il ne serait pas considéré comme un signe d’arrogance d’aborder la question du salaire rapidement, ne serait-ce que pour valider l’envie de poursuivre le processus. Toutes les thématiques peuvent entrer dans la discussion à condition d’y mettre les formes.
En revanche, il peut être mal vu par les employeurs de faire jouer la concurrence sur les rémunérations. Du moins, de manière abusive en orientant trop le discours vers ce sujet.
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Comment aborder sereinement le sujet avant l’entretien ?
Pour bien négocier son salaire à l’embauche, il convient d’être parfaitement préparé à l’entretien. Vous devrez vous poser quelques questions essentielles : quels avantages et quel salaire correspondent objectivement à mes attentes ? Quelle est ma valeur sur le marché du travail ?
Mais au-delà de la rémunération, d’autres paramètres entrent en ligne de compte. Le confinement a remodelé les attentes des salariés, qui valorisent encore plus le télétravail ou la flexibilité des horaires. Si vous êtes commercial, par exemple, la question de la voiture de fonction peut être abordée.
Existe-t-il des grilles de salaire à utiliser pour préparer l’entretien ?
Pour mieux négocier votre salaire à l’embauche, vous pouvez consulter les conventions collectives en vigueur dans certains secteurs. Dans le domaine de l’assurance, le salaire s’aligne avec votre statut et votre niveau de diplôme. Dans les grands cabinets d’expertise comptable et d’audit, les grilles sont là aussi très précises, en fonction de vos diplômes et de votre expérience.
Pour les autres secteurs, il ne faut pas hésiter à se référer aux études de rémunération proposées par l’Apec ou les cabinets de recrutement. Elles sont en général assez complètes selon les régions de recherche et la séniorité sur le poste.
Si vous êtes en relation avec un consultant en recrutement, celui-ci pourra vous conseiller.
Comment convaincre son interlocuteur ?
Pour bien négocier votre salaire à l’embauche, ne partez pas sur un chiffre. L’idée reste d’avoir un objectif en tête, et de ne pas descendre en dessous. Fixez-vous par exemple une fourchette en dehors de laquelle vous ne transigerez pas.
De plus, soyez clair sur ce que vous incluez dans l’enveloppe, comme :
les bonus ;
un plan d’épargne ;
l’intéressement ;
la participation ;
les avantages en nature comme un abonnement téléphonique, un PC portable ou encore une bonne mutuelle ;
le télétravail ;
la flexibilité des horaires ;
les RTT, etc.
Autre détail important : précisez bien si vous exprimez votre salaire en brut ou en net. Cela permet d’éviter les quiproquos avec votre interlocuteur et les déconvenues lors de la signature de votre contrat.
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Que faire si la négociation de salaire est compliquée ?
Si vous sentez que la négociation de salaire lors de l’entretien est compliquée ou très serrée, ne perdez pas de vue que l’échange doit rester cordial et fondé sur des faits objectifs. Concrètement, parlez de vos compétences et de vos résultats. Si vous avez des preuves chiffrées, c’est encore mieux.
N’hésitez pas à préparer des réponses aux potentielles faiblesses que le recruter pourrait repérer dans votre profil pour essayer de faire baisser vos prétentions. L’objectif est de rester factuel et précis dans vos réponses. Pour cela, vous pouvez poser la question à vos proches : « Quelles sont mes faiblesses ou les points sur lesquels je peux m'améliorer ? ». Imagez aussi vos réponses et donnez des exemples. Si vous dites « Je suis quelqu’un d’organisé », présentez une situation dans laquelle vous avez brillé sur ce point au travail
N’hésitez pas non plus à mettre en avant votre « savoir-être » (les fameux soft skills). Faites des recherches sur les valeurs et les attentes de l’entreprise afin d’avoir un discours cohérent et convaincant. À compétences égales, votre personnalité peut faire la différence.
Si jamais le recruteur reste fermé à tous ces arguments, il faut rester ouvert et évoquer d’autres thèmes de négociation, comme le financement d’une formation ou des jours de télétravail supplémentaires. Vous pouvez aussi proposer qu’une revalorisation soit prévue dans votre contrat dès la fin de la période d’essai. Pensez bien à mettre tout cela par écrit si vous passez par cette voie.
Enfin, il faut savoir qu’une discussion sur le salaire n’est jamais perdue tant que vous n’avez pas eu de retour du recruteur. Il se peut qu’après avoir rencontré d’autres candidats et avoir réfléchi à votre proposition, celui-ci s’aligne sur votre demande. Il ne pourra pas vous reprocher de manquer de pugnacité.
Cependant, il est possible, parfois, que la discussion et la négociation soient complètement bloquées. Quand cela arrive, ce n’est pas forcément dû au fait que votre interlocuteur soit pingre ou souhaite vous exploiter. Souvent, il doit respecter une certaine équité dans son équipe vis-à-vis des niveaux de rémunération pour ne pas créer de déséquilibre ou d'injustice.
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