Audrey Déléris, Manager chez FED Legal et experte des profils juridiques et fiscaux s'est entretenue avec Karine Uzan-Mercié, VP Head of Tax & VP Corporate Initiatives – Coca-Cola European Partners. Retour en quelques lignes sur cette rencontre.
- Vous pouvez également visionner la vidéo de cette interview en bas de page.
Après 8 ans en tant qu’avocate chez Ernst & Young, Karine Uzan-Mercié rejoint l’entreprise.
Elle a tout de suite aimé être plongée dans un univers très opérationnel, ce qui la motive depuis 20 ans maintenant.
Elle rejoint d’abord le groupe Coca-Cola suite au rachat des activités d’embouteillage et y exerce plusieurs fonctions au sein de la direction financière : Directeur Fiscal France, puis Europe, Vice-President Tax & Treasury, Europe, et enfin Vice-President Finance Europe.
Lorsque le poste est délocalisé à Atlanta, elle préfère rester en France et rejoindre Alstom en tant que Directrice Fiscale Groupe. Elle a également été en charge de la création des Shared Services Centers et des équipes financières d’Europe du Nord.
Trois ans plus tard, Coca-Cola la rappelle pour lui proposer la direction fiscale du groupe en lui laissant la latitude d’exercer la fonction depuis Paris, en commutant à Atlanta. Plutôt audacieux de choisir une française !
Elle reprend ensuite les projets stratégiques et devient Vice-President, Tax & Corporate Initiatives. Sans compter une incursion d’un an en tant que Vice-President, Affaires Publiques et Communication pour la France, lors de la vacance de ce poste en pleine crise de la taxe soda.
Audrey Déléris : Comment avez-vous réussi à convaincre votre direction de prendre des sujets nouveaux et éloignés de votre formation initiale, tels que la finance ou la communication ?
Karine Uzan-Mercié : J’ai toujours eu la chance de travailler avec des patrons entrepreneurs qui m’ont proposé des postes très différents les uns des autres et qui m’ont accordé leur confiance. Chez Coca-Cola, comme dans beaucoup d’entreprises anglo-saxonnes, on ne regarde pas ce que vous avez fait ni d’où vous venez, mais ce que vous pouvez faire et nous sommes nombreux à avoir complètement changé de voie. Dans mon équipe, c’est également le cas, et j’encourage ceux qui en montrent l’envie à explorer de nouveaux univers. Notre directrice fiscale France est partie en Supply Chain pour superviser nos projets immobiliers et notre directrice fiscale Europe s’occupe aujourd’hui de notre Shared Service Center à Sofia en Bulgarie.
C’est aussi à vous de vous convaincre que vous pouvez relever le défi et de vaincre la peur du vide. Si vous y adhérez, c’est une culture extrêmement motivante, qui vous permet d’avoir des expériences très riches et également de faire monter vos équipes en puissance, puisque ce sont eux les experts et ils en savent beaucoup plus que vous.
Audrey Déléris : A l’heure où les avocats et les juristes ont tendance à être surspécialisés, pensez-vous qu’une telle carrière soit encore possible en France ?
Karine Uzan-Mercié : En entreprise, avec un solide bagage technique on ne voyage pas très loin. Il faut y ajouter des qualités managériales et de communication et, dans un nouvel environnement fiscal très changeant, une bonne dose de sang-froid et une compréhension intime de l’activité de l’entreprise. Cela fait du fiscaliste un très bon candidat pour beaucoup d’autres postes!
En cabinet, cela peut être un peu différent car on demande souvent en externe l’hyper expertise qui manque en interne.
Audrey Déléris : Quelle vision avez-vous du Directeur Fiscal de demain ?
Karine Uzan-Mercié : Le Directeur Fiscal de demain doit être en mesure de tenir un cap stratégique et de contribuer à la valeur de l’entreprise, tout en veillant à sa réputation et à l’exactitude de ses comptes. Il doit maitriser les sujets micros et macros.
Je déplore que quelquefois le directeur fiscal ne rapporte plus directement au directeur financier. A l’instar du trésorier ou du directeur comptable, le fiscaliste est au cœur de l’entreprise et manie des enjeux équivalents.
Il existe finalement peu de postes en entreprise où il est nécessaire de maitriser une législation technique très volatile pour veiller à toujours respecter les règles tout en contribuant de façon substantielle à la valeur de l’entreprise et en maintenant le cap auprès des analystes financiers. Ce, sous le contrôle permanent du conseil d’administration, des autorités fiscales et aujourd’hui des ONGs et journalistes d’investigation.
Le Directeur Fiscal de demain ? Un vrai couteau suisse !
Propos recueillis par Audrey Déléris, Manager FED Legal
POUR ALLER PLUS LOIN, CLIQUEZ-SUR LA VIDEO CI-DESSOUS !