Les compétences dans ce domaine sont demandées par tous types d'entreprises, les grands groupes autant que les start-up, et à tous les niveaux, des sièges sociaux aux entrepôts.
A la manœuvre pour gérer les stocks, l'approvisionnement, le transport ou encore les prévisions de vente et donc l'adaptation de l'outil de production, les métiers de la supply chain se sont hissés sur le podium des principaux acteurs de la gestion de crise. « De fait, l'expression 'l'intendance suivra' ne tient plus. Avec la pandémie, toutes les entreprises ont pris conscience qu'une stratégie décorrélée de la mise en oeuvre ne peut pas fonctionner », résume Cécile Laroumanie, directrice experte en supply chain chez Bartle, cabinet de conseil en transformation, qui observe une ascension de ces fonctions vers les comités exécutifs.
Confirmant cette tendance, les cabinets de recrutement spécialisés constatent par ailleurs une revalorisation de ces métiers à tous les niveaux. « Il y a encore dix ans, le rôle de la supply chain était abscons au sein même des organisations. Mais, depuis, les missions de ces professionnels se sont considérablement modernisées et l'épisode épidémique a achevé de redorer leur blason », pointe Christopher Pécriaux, manager de la division supply chain chez Hays Paris. Il ajoute que le marché de l'emploi, dans ce secteur, reste pour l'instant équilibré, « avec des volumes de candidats et d'offres d'emploi équivalents, à l'exception de métiers très 'bankable' où les profils manquent à l'appel ».
Ultra-professionnalisation
C'est notamment le cas des directeurs de site logistique, des responsables transport ou encore des chefs de projet, sortes de pilotes des innovations pour la gestion des flux, la coordination de la chaîne d'approvisionnement, etc. Ressentant, lui aussi, une certaine tension sur certains postes, Romain Devrièse, directeur de Fed Supply, indique que « s'ajoute l'approche des fêtes de fin d'années, traditionnellement une période de pic de recrutements. Résultat, les compétences en supply chain sont autant demandées au niveau des sièges que dans les entrepôts, et tout autant dans les grands groupes que chez les jeunes pousses ».Pour les fonctions de direction, cette ultra-professionnalisation de la supply chain pose la question des compétences, qui ne peuvent se résumer au seul volet technique. « L'expertise sur la planification, le transport ou la gestion des stocks n'est pas suffisante, explique Cécile Laroumanie. La compréhension des évolutions sociétales qui impactent la supply chain, telles l'omnicanalité ou la dimension RSE, est également nécessaire. Tout comme de réelles capacités de leadership. » En effet, les différents acteurs de la supply chain interagissent avec des interlocuteurs multiples (marketing, digital, achats…), ils doivent donc disposer d'un très bon sens relationnel.
Rémunérations de 75.000 à 200.000 euros
« Certains membres des équipes sont diplômés, d'autres pas, ces métiers se féminisent, sans oublier la dimension 'dialogue social', avec une forte présence de collaborateurs syndiqués. Tout cela nécessite le sens de l'écoute et du dialogue, et la capacité de s'adapter », insiste Christopher Pécriaux, soulignant également l'importance grandissante des compétences numériques, dans un environnement qui ne cesse de s'automatiser. Afin de fidéliser ces experts, certaines entreprises sont prêtes à mettre main à la poche (la rémunération d'un directeur de supply chain varie de 75.000 à 110.000 euros pour deux à cinq ans d'expérience, et de 85.000 à 200.000 euros pour cinq à quinze ans). Mais, de l'avis de Cécile Laroumanie, les recruteurs peuvent également se rendre attractifs en faisant valoir l'afflux de transformations qui se profile, « tant en matière d'omnicanalité que sur les défis humains qui accompagnent ces transformations ». ■
par Julie Le Bolzer, publié dans Les Echos le 30/11/2020.